Cette pellicule, chargée en 2015, le temps d'une balade à la ménagerie du jardin des plantes à Paris a révélé tout autre chose au moment du développement. De nombreuses prises de vues se sont évanouies, laissant la place à des images évanescentes, des disparues. Deux visages regardant l’objectif, en particulier, une ruine, et quelques vastes payages arides. Ces images ne se supersposent jamais pas tout à fait, elles se cotoient, plutôt, et apparaissent dans les interstices - des bribes s’inscrivent entre deux vues - ou impriment quelques détails étrangers (la paille, les cordes...). Un temps prend l’avantage sur l’autre. Il faut alors choisir, faire apparaître un temps signifie faire disparaître le second. Début 2024, je retourne fouiller ces images, pour voir. Je découvre, grâce à la ruine, que ces photographies ont été prises au Maroc entre Marrakech et la Vallée d’Ait Bouguemez dite la «Vallée heureuse» - une terre berbère où l’herbe, parait-il, est verte. Un dialogue improbable et énigmatique se tisse. Cette erreur possible et parfois même voulue propre à la photographie argentique, m'engage comme dépositaire d'un lieu et d'une histoire et transforme cette pellicule comme une question suspendue.